lundi 24 août 2009

À l'os

Apportez votre vin ! C'est la devise de nombreux restaurants à Montréal : vous apportez votre bouteille, vous arrivez plus lourd mais repartez théoriquement le porte-feuille plus lourd aussi puisque vous ne payez que pour la nourriture. Théoriquement parce que certains établissements gonflent la note, parfois honteusement... à l'os ?

À L'Os, c'est le nom d'un resto du boulevard Saint-Laurent appartenant à cette catégorie, ouvert autour de 2004, plusieurs mois avant notre première visite qui nous avait laissé un souvenir agréable. Alors quand une amie a décidé d'y organiser samedi dernier un souper pour son anniversaire, nous avions bien hâte d'y retourner, curieux que nous sommes.

Amères déceptions. La première est arrivée sous la forme d'un potage sans nom. Il n'était annoncé nulle part, sauf erreur. Passé la confusion itinitale (est-ce que ce potage est bien le mien ?), j'y ai goûté. S'il avait été bon, c'aurait constituté une bonne surprise, mais voilà que ce potage aux carottes avait le goût et la texture dominants de la pomme de terre. Sa garniture de champignons à l'ail massacrait et le pauvre champignon, sans revenez-y, et l'ail, brulé. Guère convaincant pour une entrée en matière.
En entrée, le gravlax de saumon a contenté au moins deux personnes à notre table. Pour 10 $, cette entrée fraîche comprenait trois ou quatre minces tranches de saumon d'environ 7 cm sur 3 accompagnées d'une généreuse portion de crème sûre à l'aneth. Quant à moi, j'ai pris l'entrée de pieuvre grillée servie avec un légume de saison, le mais, décliné en sabayon et en salade. La pieuvre, tiède et tendre à souhait, était l'une des meilleures que j'aie mangée. Donnons-leur au moins cela. En revanche, les petits grains jaunes, bien que frais, étaient beaucoup trop pimentés à mon goût.
La suite a été plus douce, grâce à la présence agréable de mes charmants compagnons de table... Lors de la prise de la commande, j'avais demandé à la serveuse si le steak de thon en croûtes de poivres avec endives caramélisées serait à peine saisi, servi bleu. Elle m'avait assuré que oui : il serait saisi. Elle a dit ces mots. Rouge à l'intérieur. Or, le morceau de thon qu'elle m'a servi était... bien cuit. Pas rouge du tout, rose.

La jeune femme m'a peut-être entendue, toujours est-il qu'elle est venue me voir et, constatant l'erreur, elle en a rajouté une couche : je le vois, votre thon est trop cuit, voulez-vous que je le rapporte ? Non, j'insiste, je vais demander au chef, je le vois de mes yeux, blabla. Elle a repris mon assiette sans faire ni une ni deux pour aller défendre sa cause à la cuisine (laquelle est complètement ouverte sur la salle à manger). Elle est revenue avec mon assiette deux minutes plus tard, non en s'excusant - ce que le délai m'avait laissée espérer - mais en défendant ledit chef ! Il a découpé ma portion dans une partie rose du poisson, a-t-elle expliqué, mes compagnons ont hérité de coupes rouges, c'est normal, il l'a mis sous la lumière, c'est la bonne cuisson. Voilà : mon assiette était revenue telle quelle.

Soupir gastronomique ici.

Pour moi, c'était rajouter l'insulte à l'injure. Hélas ! je suis une Québécoise bien élevée, je n'ose pas me plaindre à la française. Trente-deux dollars pour ce plat. Donnez-moi un steak de thon et si je vous le cuis de même, vous m'accuserez de vous prendre pour un gros poisson et de massacrer ce gros poisson que ma bonne conscience aurait dû m'éviter de commander au départ. Les autres convives ayant choisi ce plat ont semblé en obtenir satisfaction, d'après un rapide coup d'oeil à leur assiette, également garnie d'endives noircies.

Petit détail, le sytème d'air climatisé faisait défaut. Le mercure avait atteint 28.8 °C ce samedi-là. J'ai pris une douche froide en revenant de ma soirée ; je ne me rappelle pas avoir autant transpiré dans un restaurant de toute ma vie, sauf peut-être en Thaïlande avec mon amie Geneviève. D'ailleurs ma chère, la prochaine fois, nous nous envolerons à La Colombe pour y déguster le cerf que tu aimes tant, d'accord ?

Prix : 99 $ avant le boire, café, thé, les taxes et le service

Nourriture : 30/50
le menu publié sur le site web http://www.alos.ca/ diffère légèrement de celui offert sur place, par exemple la pieuvre n'est pas servie avec câprons et haricots blancs

Carte des vins : s. o.

Café : 2/5
espresso à 3 $

Service : 5/10
accueil souriant, personnel en cuisine peu avenant ; est-ce qu'on se prendrait un peu pour d'autres par ici ?

Ambiance : 9/15
musique techno, décor plutôt sobre et de bon goût, pas d'air climatisé fonctionnel lors de notre visite en août 2009, ce qui a de quoi étonner dans un endroit facturant de 32 $ à 55 $ par plat principal

Notre appréciation globale : 58/100

Pour localiser ce resto dans Google Maps : H2T 1S4

mercredi 19 août 2009

La Bottega

Papa Was a Rollin' Stone.. Between Montreal and Rome!

Excusez ce titre anglais. Il représente l'essence de cette pizzeria de la Petite Italie. Montréal y rencontre l'Italie culturellement parlant ou l'Amérique si vous préférez, avec cette reprise d'une chanson soul de l'époque Motown enterrant le bruit des conversations : à 20 h 34 précises hier soir, on a augmenté le volume de cette chanson qui résonnait déjà pas mal fort dans les toilettes, question de mettre plus d'ambiance.

Et quelle ambiance ! Le personnel de ce resto branché de la Petite-Italie est beau à voir. À deux, quatre, six, sept convives, peu importe, on y est certain de manger très bon sans attendre... sauf s'il y a une file ! Signe qui ne ment pas, le resto était bondé par un (très chaud) mardi soir ; la file d'attente se renouvelait constamment.

La faune fait autant papa Mick Jagger que sa fille. Des bourgeois bohèmes, la cinquantaine, la soixantaine, côtoient des trentenaires bien habillés ou brouillons, c'est selon, mais qui ont en commun d'apprécier une vraie bonne pizza, celle originaire de Napoli sur laquelle la plèbe mettait les restes à cuire...

C'est la meilleure pizza qu'on trouve à Montréal par les temps qui courent. Sa pâte molle prend moins de deux minutes à lever dans un four rouge trônant au fond de la salle à manger. C'est - le four et ce qui en sort - l'attraction principale de ce lieu moderne. Les garnitures se limitent à l'essentiel : huile d'olive, tomate, fromage, prosciutto et d'autres telles que celles servies dans la mère patrie. Pas d'ananas ni de poulet ici : tant mieux !

Les pizze sont offertes entre 12 $ 17 $ pour la plupart, sauf deux je j'appellerais « de luxe ». Funghi Porcini est l'une d'entre elles et je salivais comme le chien de Pavlov juste d'y penser (j'y avais goûté lors d'une précédente visite) alors j'ai commandé à nouveau cette pizza aux cèpes, mozzarella et basilic garnie de roquette et d’huile d’olive (23 $). Absolument su-ccu-lente.

Nous avions auparavant partagé des aubergines en cube sautées, des calmars frits et de petites côtelettes d'agneau, ainsi que deux sardines grillées, proposées ce jour -là et très réussies dans le genre.

Une autre entrée aussi savoureuse que populaire : les boulettes de viande en saue tomate San Marzano. Essayez-les.

Mais faites gaffe, un serveur risquerait de retirer trop vite l'assiette dans laquelle vous auriez laissé quelques bouchées. !

Service : 8/10
italien dans la forme (teint basané, style...) comme dans le fond (rapide)

Prix : 71 $ avant le boire, les taxes et le service
la formule populaire consiste à partager des entrées parmi la vingtaine proposée (entre 3 $ et 15 $) et à poursuivre avec une pizza

Nourriture : 46/50
nature, à la mode italienne, c'est une cuisine faisant bon usage de l'huile d'olive et privilégiant les ingrédients frais

Carte des vins : 15/20
plusieurs vins rouges, entre 35 $ et 500 $
quelques demi-bouteilles
notre choix : Aldar Monferrato, un vin du Piémont bon, bon, bon

Café : 4/5
espresso offert à 3 $

Ambiance : 15/15
dure à battre ! C'est animé, il y a un bar prêt de l'entrée, des nappes blanches sur les tables, on vous accueille chaleureusement, on vous sert promptement, la musique enterre le bruit des conversations voisines et au milieu de tout cela, il y a même des enfants

Note globale: 88/100

Pour localiser ce resto dans Google Maps : H2S 1K6

mercredi 5 août 2009

Rugantino


ATTENTION : Ce restaurant a fermé ses portes depuis la publication de ce billet. Pour manger du bon italien à Montréal, nul besoin de casser sa tirelire. Rugantino n'est pas bon marché, c'est vrai, mais plus accessible qu'Il Mulino (pour ne nommer que cette institution de la Petite Italie). Rugantino se trouve plus au sud, dans le Mile End, angle Saint-Laurent et Saint-Viateur.

Tirant son nom d'un personnage de la Commedia dell'arte, Rugantino propose des plats classiques du répertoire italien et quelques-uns issus d'autres cuisines.

Les pâtes que nous avons mangées étaient irréprochables : cuites juste ce qu'il faut, simplement apprêtées. Rien à redire. En revanche, le plat de viande à l'honneur ce soir-là (veau) était ordinaire.

L'entrée de thon émincé, servi tiède, nous a impressionnés. La portion était généreuse et le thon, à peine saisi, était servi sur une verdure fraîche.

Bons points pour la bonne huile d'olive, le pain et les amuse-bouches, qui font toujours plaisir. Une critique de Françoise Kayler affichée là, publiée dans le quotidien La Presse voilà plusieurs années et mentionnant cette petite attention, a confirmé ce que nous pensions : c'est un resto de facture plutôt classique, servant jour après jour les mêmes plats ou à peu près, telles ces bouchées garnies de purée de pois chiches.

Le décor ? Presque drabe. On ne s'en formalise pas, mais considérant l'offre montréalaise en matière de bonne bouffe, nous ne retournerons probablement pas chez Rugantino - sauf peut-être dans quelques années. Entre-temps, nous essayerons d'autres adresses recommandables.

Prix : 55 $ avant le boire, les taxes et le service

Nourriture : 40/50

Carte des vins : 16/20
carte exclusivement italienne, avec une vingtaine d'importations privées

Café : 3/5
espresso à 2,50$

Service : 8/10
accueil souriant, lumières tamisées durant notre visite

Ambiance : 10/15
très tranquille en ce soir de semaine ; les midis doivent être plus animés (l'entreprise Ubisoft se trouve en face)

Notre appréciation globale : 77/100

Pour localiser ce resto dans Google Maps : H2T 1S1‎